Exposition Magie et Sorcellerie



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    L'exposition, proposée par la Société d'Etudes et de Recherches des Survivances Traditionnelles (SEREST) et initialement présentée à Châteaugay pendant près de 10 ans, offre au public un panorama sur la sorcellerie, les croyances et usages médicinaux en milieu rural et dans les campagnes auvergnates aux 19e et 20e siècles.


    Fruit d'un travail de recherches ethnologiques et de collectages de terrain, cette exposition riche et dense retrace l'élaboration d'un savoir encore bien vivace, quoique très discret au niveau de ses manifestations. Il est investi de la croyance populaire, notamment en milieu rural où sorciers et guérisseurs jouissent parfois encore d'un crédit supérieur à celui du "docteur de la ville" pour "lever le feu", faire disparaître verrues et entorses, ou encore opérer des cures d'ordre psychosociologique à caractère magique.

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    Dès l'entrée, une mise en garde précise les limites du sujet. L'association SEREST tient à définir le sens de sa démarche : l'exposition présentée n'a pas pour objet de faire l'apologie de pratiques aberrantes ni de préconiser l'emploi d'une quelconque forme thérapeutique, mais de présenter documents et témoignages ayant trait aux faits et croyances tels qu'ils se présentaient au cours des siècles antérieurs et tels qu'ils ont survécu le cas échéant jusqu'à nos jours. Longtemps - et encore - méprisés par les détenteurs d'un savoir officiel, acquis sur les bancs de l'université, les "Anciens" éprouvent souvent des réticences à confier les procédés employés avec succès, disent-ils, par leurs pères et par eux-mêmes.


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    Le président de la SEREST, Hugues BERTON souligne : " Il est important qu'à travers leur propre culture, ces gens ne se sentent pas méprisés. Il ne s'agit pas tant pour nous de collecter informations et objets "rares" que de participer à la transmission et la continuation d'un héritage capital qui fait partie intégrante du patrimoine humain. La prise en compte des trésors humains vivants que sont ces porteurs de connaissance, le legs de ces Anciens représentent un patrimoine considérable pour les générations à venir, car nous savons qu'un monde qui a perdu ses racines n'a guère d'espoir de survie."


    Pour beaucoup, la sorcellerie est considérée comme la réaction des peuples primitifs ou des sociétés archaïques qui, redoutant le monde qui les entoure, en adorent les éléments, personnifient ses manifestations et tentent ainsi de les concilier. Historiens et sociologues pensent généralement qu'elle est une tentative pour échapper à des contraintes sociales écrasantes. Pour l'ethnologue, il s'agit de l'ensemble des pratiques aberrantes rencontrées en milieu populaire ou savant, aberrantes parce qu'elles ne rentrent pas dans le cadre de l'analyse rationnelle et de la "conscience analytique".


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    En fait, en approfondissant la question, on s'aperçoit que l'ensemble des pratiques de sorcellerie ont entre elles un fil conducteur logique, bien que relevant d'un mode de pensée qui se situe aux antipodes de la pensée dialectique contemporaine. Pour la pensée rationaliste, si une bête ou un troupeau est malade, cela est dû à un empoisonnement ou à la présence de germes pathogènes, éventuellement à un manque de soins. La mentalité traditionnelle, dans un cas semblable, fournira une explication d'un tout autre ordre : la maladie vient du fait qu'on a transgressé, sans même le savoir, un interdit, ou que quelqu'un a jeté un sort. Dans tous les cas de figure, quelque part, l'ordre naturel des choses a été dérangé. On ira donc quérir celui qui sait, qui connaît les moyens de rétablir cet ordre naturel : il s'agira du devin, du guérisseur ou du sorcier lui-même.