Exposition Magies, Sorcelleries, Croyances et Guérison en Auvergne
Exposition Sorcellerie
Approches ethnographiques : sur le terrain d’enquête
"Théorie et pratique" de sorcellerie.Base de l'action thérapeutique des sorciers et guérisseurs.Notes et témoignages sur les faits de sorcellerie en AUVERGNE/VELAY.
Elle est le fruit de plusieurs années de recherches principalement axées sur l'étude des mentalités traditionnelles
en milieu rural, recherches qui se poursuivent actuellement. Les obstacles rencontrés au cours des enquêtes, sont nombreux.
En voici quelques uns, auxquels nous avons été confrontés :
défiance du milieu paysan envers les enquêteurs, assimilés, à tort ou à raison,
à des personnes imbues d'un savoir acquis sur les bancs des universités. Souvent, nous avons entendu les "anciens"
nous parler du mépris manifesté par "le Monde Savant" lorsqu'ils lui confiaient les procédés employés avec succès
par leurs pères et eux-mêmes.divergence des centres d'intérêts entre les enquêteurs et enquêtés, ces derniers
s'étonnant des questions posées qui leur semblent hors sujet, lorsqu'elles ne concernent pas le côté strictement
"fonctionnel".difficulté de cerner avec précision les sources du savoir et des croyances des
personnes interrogées, qui peuvent se référer aux origines les plus diverses :
le discours des "gens du peuple" sur les sorciers, le discours des "savants" (ethnologues, chercheurs) sur les sorciers, le discours du sorcier sur lui-même.
Le premier s'enrichit progressivement par l'apport du merveilleux auquel on a recours pour tenter d'expliquer les
faits constatés ou rapportés, et se déforme progressivement du fait d'une transmission orale non rigoureuse.
Le second varie en fonction de l'époque où il est recueilli. Ne sont retenus que les éléments intéressant la
mentalité du moment, en fonction d'un contexte sociologique précis.
Le troisième, le "dit" du sorcier sur lui-même est également sujet à caution: en effet, plus la foi dans le
sorcier est grande, plus son "pouvoir" s'amplifie. Il aura donc tendance, à partir du moment où il accepte de parler,
à citer tout le légendaire et le merveilleux qui lui est octroyé par le peuple. Son discours aura également sa limite,
liée à certaines pratiques qu'il ne peut avouer, (mais qu'il laissera cependant entrevoir) parce qu'elles sont de
nature maléfique ou contraire aux lois morales ou sociales (envoûtement, avortement, etc.)
Dans tous les cas, l'approche ne peut se faire avec magnétophone ou questionnaire préétabli. La nature même de
la mentalité traditionnelle, maintenant devenue si étrangère à la nôtre, fait que seul, à notre avis, et selon notre
expérience, reste possible un échange d'informations sur un pied d'égalité de pensée : il faut savoir se mettre
à l'école, sans mépris ni intolérance, écouter et épouser dans sa chair et son âme, la mentalité de ceux qui
véhiculent encore la connaissance traditionnelle au moins le temps de l'enquête.
Pour des raisons de déontologie et de discrétion, dans la mesure où la plupart de nos informateurs sont
toujours vivants au moment où nous écrivons ces lignes, nous avons jugé bon de ne citer que les initiales
de leurs noms ainsi que leur région de résidence, lorsqu'il s'agissait de référencer un usage particulier.
On pourrait nous reprocher le manque de rigueur du travail présenté. Il faut savoir qu'il n'a pas un caractère
exhaustif, et qu'il ne constitue qu'une ébauche, un plan destiné à servir de trame pour une étude plus approfondie,
que nous avons entrepris d'effectuer au cours des années à venir.
Tous ceux qui ont travaillé sur le sujet de l'ethnologie en milieu rural savent les difficultés qui se présentent
si l'enquêteur ne veut pas se borner à enregistrer des généralités déjà connues, des propos vagues, ne mettant en
cause ni l'enquêté ni la population qu'il représente.
Nous avons pensé qu'il était possible et souhaitable de faire précéder le travail sur le terrain par la présentation
d'expositions traitant d'un aspect d'ensemble ayant pour thème : sorcellerie et médecine traditionnelle, croyances,
même si cela est traité de manière incomplète, reprenant les informations obtenues au cours des précédentes enquêtes
et également celles se référant à des zones géographiques étendues : Auvergne, Velay, Ardèche, Bourbonnais,
voire territoire national. Cela a pour but de sensibiliser une population donnée, et de permettre qu'une approche
intime puisse se faire ultérieurement sans difficulté majeure, à l'aide d'enquêtes approfondies.
Telle est notre démarche. Nous sommes conscients de ses limites et imperfections. Mais il ne s'agit pas tant pour
nous de collecter informations ou objets "rares", que de participer à la transmission et la continuation d'un héritage
capital qui fait partie intégrante du patrimoine humain. La prise en compte des trésors humains vivants que sont
ces porteurs de connaissance, la somme de connaissance léguée par ces Anciens représentent un patrimoine considérable
pour les générations à venir, car nous savons qu'un monde qui a perdu ses racines n'a guère d'espoir de survie.
Une association de recherches ethnologiques, sans but lucratif, loi 1901, agréée comme association de jeunesse et d'éducation populaire, et labellisée Patrimoine Rural. Elle est affiliée à l'Association Cultures du Monde, association agréée par le Ministère Jeunesse et Sports, placée sous l’égide du CIOFF / UNESCO.
Approches ethnographiques : sur le terrain d’enquête
"Théorie et pratique" de sorcellerie. Base de l'action thérapeutique des sorciers et guérisseurs. Notes et témoignages sur les faits de sorcellerie en AUVERGNE/VELAY.
Elle est le fruit de plusieurs années de recherches principalement axées sur l'étude des mentalités traditionnelles en milieu rural, recherches qui se poursuivent actuellement. Les obstacles rencontrés au cours des enquêtes, sont nombreux. En voici quelques uns, auxquels nous avons été confrontés :
défiance du milieu paysan envers les enquêteurs, assimilés, à tort ou à raison, à des personnes imbues d'un savoir acquis sur les bancs des universités. Souvent, nous avons entendu les "anciens" nous parler du mépris manifesté par "le Monde Savant" lorsqu'ils lui confiaient les procédés employés avec succès par leurs pères et eux-mêmes. divergence des centres d'intérêts entre les enquêteurs et enquêtés, ces derniers s'étonnant des questions posées qui leur semblent hors sujet, lorsqu'elles ne concernent pas le côté strictement "fonctionnel". difficulté de cerner avec précision les sources du savoir et des croyances des personnes interrogées, qui peuvent se référer aux origines les plus diverses :
le discours des "gens du peuple" sur les sorciers, le discours des "savants" (ethnologues, chercheurs) sur les sorciers, le discours du sorcier sur lui-même.
Le premier s'enrichit progressivement par l'apport du merveilleux auquel on a recours pour tenter d'expliquer les faits constatés ou rapportés, et se déforme progressivement du fait d'une transmission orale non rigoureuse.
Le second varie en fonction de l'époque où il est recueilli. Ne sont retenus que les éléments intéressant la mentalité du moment, en fonction d'un contexte sociologique précis.
Le troisième, le "dit" du sorcier sur lui-même est également sujet à caution: en effet, plus la foi dans le sorcier est grande, plus son "pouvoir" s'amplifie. Il aura donc tendance, à partir du moment où il accepte de parler, à citer tout le légendaire et le merveilleux qui lui est octroyé par le peuple. Son discours aura également sa limite, liée à certaines pratiques qu'il ne peut avouer, (mais qu'il laissera cependant entrevoir) parce qu'elles sont de nature maléfique ou contraire aux lois morales ou sociales (envoûtement, avortement, etc.)
Dans tous les cas, l'approche ne peut se faire avec magnétophone ou questionnaire préétabli. La nature même de la mentalité traditionnelle, maintenant devenue si étrangère à la nôtre, fait que seul, à notre avis, et selon notre expérience, reste possible un échange d'informations sur un pied d'égalité de pensée : il faut savoir se mettre à l'école, sans mépris ni intolérance, écouter et épouser dans sa chair et son âme, la mentalité de ceux qui véhiculent encore la connaissance traditionnelle au moins le temps de l'enquête.
Pour des raisons de déontologie et de discrétion, dans la mesure où la plupart de nos informateurs sont toujours vivants au moment où nous écrivons ces lignes, nous avons jugé bon de ne citer que les initiales de leurs noms ainsi que leur région de résidence, lorsqu'il s'agissait de référencer un usage particulier.
On pourrait nous reprocher le manque de rigueur du travail présenté. Il faut savoir qu'il n'a pas un caractère exhaustif, et qu'il ne constitue qu'une ébauche, un plan destiné à servir de trame pour une étude plus approfondie, que nous avons entrepris d'effectuer au cours des années à venir.
Tous ceux qui ont travaillé sur le sujet de l'ethnologie en milieu rural savent les difficultés qui se présentent si l'enquêteur ne veut pas se borner à enregistrer des généralités déjà connues, des propos vagues, ne mettant en cause ni l'enquêté ni la population qu'il représente.
Nous avons pensé qu'il était possible et souhaitable de faire précéder le travail sur le terrain par la présentation d'expositions traitant d'un aspect d'ensemble ayant pour thème : sorcellerie et médecine traditionnelle, croyances, même si cela est traité de manière incomplète, reprenant les informations obtenues au cours des précédentes enquêtes et également celles se référant à des zones géographiques étendues : Auvergne, Velay, Ardèche, Bourbonnais, voire territoire national. Cela a pour but de sensibiliser une population donnée, et de permettre qu'une approche intime puisse se faire ultérieurement sans difficulté majeure, à l'aide d'enquêtes approfondies.
Telle est notre démarche. Nous sommes conscients de ses limites et imperfections. Mais il ne s'agit pas tant pour nous de collecter informations ou objets "rares", que de participer à la transmission et la continuation d'un héritage capital qui fait partie intégrante du patrimoine humain. La prise en compte des trésors humains vivants que sont ces porteurs de connaissance, la somme de connaissance léguée par ces Anciens représentent un patrimoine considérable pour les générations à venir, car nous savons qu'un monde qui a perdu ses racines n'a guère d'espoir de survie.